Le mistral m'a trahi.

Je me souviens des ces crêtes ou il souffle si fort qu’il peut tout emporter :
La colère, la souffrance et les amours perdues.
Je me souviens de sa caresse, celle qui m’a rendu la vie,
Quand mon cœur s’est perdu dans un vallon secret où il souffle éternel.

Je me souviens qu’il m’accompagne,
Dans les rudes garrigues aux senteurs exaltées,
Dans les forêts millénaires, protégées par les rois et les saints,
Sur les falaises blanches au dessus de la mer, moi si petit et lui si grand.

Je me souviens que je l’aime et qu’il m’aime.
Et que parfois un aigle danse avec lui, comme un ballet céleste,
Craint et adoré car il pousse si fort….

Je me souviens des ces automnes, quand il balaye les feuilles
Dans un tourbillon de couleurs, un tourbillon de bonheur.
Je me souviens des ces hivers quand sa morsure est d’acier.
Que la peau parait nu malgré la laine et le soleil.
Je me souviens de ces printemps quand il chasse la pluie.
Que le ciel est si pur qu’on peut enfin respirer.

Je me souviens de cet été, la chaleur, l'odeur de résine.
Les fumées noires qui brûlent les poumons.
Le jour où un homme en a fait son esclave.
Le jour où un homme en a fait mon ennemi.

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